Maquette de Sérapis - la poupe |
Sur la page de garde du rôle d'équipage de Sérapis on note dans le coin en haut et à droite une annotation manuscrite "Incendiée le 31 juillet suivant à Foulpointe, Madagascar". Foulpointe est un village de ce que l'on nomme aujourd'hui l'île Sainte Marie sur la côte orientale de la grande île.
Que s'est il passé ? On en trouve les détails dans une lettre du 31 juillet 1784 signée par le maréchal de Castries, adressée au commandant de la marine à Brest :
"Le Roi, en prononçant, Monsieur, sur les grâces méritées par les officiers qui ont bien servi dans l'escadre de l'Inde, sous les ordres de M le Bailly de Suffren (NDR : il fait ici référence aux récompenses attribuées aux officiers remarquables dont Trublet de Villejégu - voir l'article consacré à ce personnage) , a prononcé aussi sur le sort de ceux qui se sont mal conduits ; il y en a six dans votre département."
Sont cités :
le chevalier de Cillart, capitaine de vaisseau, comandant le Sévère, qui a amené le pavillon (NDR : s'est rendu à l'ennemi) le 6 juilet 1782 au combat de Négapatnam.
M. de la Landelle-Roscanvre qui a quitté son commandement après l'affaire de Trinquemalay.
Le lieutenant de vaisseau Tréhouret de Pennelé, commandant le Bizarre, qui a perdu son navire à la côte de Coromandel.
Le lieutenant de vaisseau de la Boixière, second de l'Artésien au combat de La Praya.
L'enseigne de vaisseau de la Pallière qui, étant de quart sur l'Orient a échoué le vaisseau sur un haut fonds.
et enfin L'Héritier :
"un autre vaisseau, qui n'était pas sous les ordres de M. le Bailly de Suffren, a été perdu par la désobéissance et la faute très grave du sieur L'Héritier, lieutenant de frégate embarqué sur la Sérapis. Ce vaisseau se trouvant en relâche à Madagascar, le sieur Roche, qui commandait, ordonna un transvasement d'eaux-de-vie, et enjoignit, en même temps que les lumières fussent tenues soigneusement dans les fanaux pendant cette opération. Le sieur L'Héritier, qui commandait dans la calle, fit sortir les lumières des fanaux, malgré les représentations de ceux qui y étaient : le feu prit aux eaux-de-vie et brûla le vaisseau. Ces faits sont constatés par un procès verbal, et sa Majesté a cassé le sieur L'Héritier pour sa désobéissance et le mal qu'elle a causé. J'envoie l'ordre expédié pour cet effet à M. Thévenard, commandant à Lorient, où le sieur L'Héritier se trouve".
On trouve plus de détail de ce naufrage dans l'ouvrage de Pierre Van Den Boogaerde Shipwrecks in Madagascar (Strategic Book Publishing, New York, 2009). Il a probablement retrouvé le procès verbal cité par le maréchal de Castries que je n'ai pas encore trouvé. Il écrit :
"The Serapis was refitted for the French Navy and sent to the Indian Ocean in 1781 under Lieutenant de Vaisseau Roche. After an uneventful sailing down the Atlantic Ocean, she put in at False Bay at the Cape settlement on May 19, 1781 to secure supplies and disembark 40 ill sailors. She left False bay on June 14 and anchored in the harbor of Ambidifutatra at Sainte Marie Island on July 31.
At two in the afternoon on the day of the arrival the first mate, M L'Héritier, descended in the backhold on the starboard side to thin eau-de-vie. Against strict orders he demanded that the lights be taken out of the lanterns to see more clearly. A spark, or rather a small portion of the burning wick fell into the funnel that he was using and the spirit immediately caught fire. A thick and burning smoke rapidly spread troughout the hold suffocating the crew attempting to extinguish the fire.
captain Roche, who was ashore, was alerted by a cannon shot and immediately went back on board. He found the hold ablaze. He tried to have the steerage cut to allow water into the hold but this proved impossible. He then ordered to open the taps to sink the ship, bit this did not succeed. He decided to beach the seeward winds prevented cast off. After all attempts at saving the Sérapis failed at 6 pm, Captain Roche ordered the men aboard the boats that had already been swung out. The evacuation was orderly and when all men were on the boats the Captain left her. The Sérapis exploded 45 minutes later and immediately sunk. Only two men died ; one bedridden with fevers, and the Master Gunner who drowned after having filled his pockets with 2000 piastres which he had stollen for his own use. The firts mate was arrested and the crew transferred shortly thereafter to Mauritius".
Selon le rôle d'équipage de la Sérapis, le maître canonier de la frégate était Michel Antoine Le Roy Duplessix, 28 ans, né à Paris.
Je n'ai pas encore trouvé le nom du navire sur lequel Jean Marie et ses compagnons ont quitté Madagascar pour se rendre à l'île de France au milieu de l'année 1781.
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