Hayder Ali Khan, nabab de Mysore |
Il est très probable de Jean Marie Michel Noel, engagé au service du Roi, n'est pas resté à l'île de France après avoir été ramené à Port Louis à l'été 1781 depuis l'île Sainte Marie où la Sérapis avait sombré.
Fin 1781, Suffren arrive à Port Louis avec une escadre, et plusieurs milliers d'hommes. Il a défait les anglais à La Praya, débarqué un contingent pour protéger Le Cap tenu par nos alliés hollandais.
Il se prépare vigoureusement à porter la guerre en Inde sur la côte de Coromandel. Jusqu'au début de l'année 1784, à la cessation des hostilités entre la France et l'Angleterre, il y mènera des combats victorieux. Son action maritime combinée aux opérations terrestres du marquis de Bussy, vont bousculer les Anglais. Elles auraient pu les chasser de la péninsule indiennes si la France avait été plus déterminée, ses officiers aussi vaillants que Suffren. L'allié des français en Inde est le nabab Hayder Ali Kahn, redoutable et impitoyable chef de guerre.
L'hypothèse que Jean Marie Michel ait suivi ses compagnons de la Sérapis sur les navires de Suffren, comme Trublet, Toulmouche ou Thévenard est très élevée. Elle est presque avérée par les récits rapportés ci-dessous. Jean Marie est probablement le chirurgien-major Noel appelé au chevet d'Hayder Ali Kahn. Il l'opère mais ne réussit pas à le sauver. Selon Charles Cunat, il lui réplique même assez insolemment lorsque le nabab exige de reporter la date de l'opération selon le voeu de ses devins.
Essai historique sur la vie et les campagnes du bailli de Suffren Par M Joseph-François Gabriel Hennequin, 1824, Peytieux éditeur (Paris) :
"...
Le capitaine du Coventry informa M. de Suffren que le Nabab Haïder-Aly était mort, le 7 décembre, dans les environs d'Arcate. L'amiral donna des regrets à la perte de ce prince, et il les méritait par l'attachement constant qu'il avait montré pour les Français.
Cet événement, qui pouvait être de la plus grande importance pour le sort de
l'armée, fortifia M. de Suffren dans l'intention, qu'il avait déjà , de se rendre à
la côte; et il fit route pour Goudelour, où il mouilla le 1e 1 février. Il apprit en y arrivant les détails delà mort du Nabab.
Depuis quelque temps déjà, Haïder-Aly éprouvait une altération sensible dans sa santé ; quatre années consécutives passées sous la tente, plusieurs blessures reçues en divers combats, et qui avaient été peu ou mal soignées, avaient affaibli sa constitution. Un mal qui mine lentement les sources de la vie , et qui est presque endémique dans l'Indoustan, avait fait chez lui les plus grands ravages. Il lui survint, entre les deux épaules, une tumeur nommée par les Hindous radjépora, qui signifie ulcère ou bouton royal. Cette tumeur augmenta bientôt à un tel point, par l'ignorance de ses médecins, que le prince se trouva, en peu de jours, dans le plus grand danger. Un partisan français qui avait autrefois exercé la chirurgie, fut consulté; mais ne croyant pas devoir prendre sur lui de traiter le Nabab, il lui conseilla de faire appeler des médecins de l'armée française. Un courrier avait été expédié immédiatement à M. le comte d'Hoffelize, qui aussitôt avait envoyé M. Rochard, médecin en chef de l'armée , et M. Noël, chirurgien-major. Dès leur première visite, ils furent d'avis d'ouvrir la tumeur, mais le Nabab s'y refusa d'abord. Scrupuleusement attaché aux rits de sa religion, il voulut auparavant qu'on consultât les devins. Les lettres dont se composaient les noms du médecin et du chirurgien furent transposées , on fit des calculs, et l'on consulta les astres.
Il fut résolu qu'on ne pourrait opérer que dans un jour heureux, et ce jour n'arriva que soixante-douze heures après.
Pendant ce temps, le mal fit des ravages, et lorsqu'enfin on put ouvrir la tu-
meur, il était déjà trop tard ; et le prince, à qui les devins avaient promis une prompte guérison, et encore six années de vie, mourut en huit jours de temps, à l'âge de soixante-trois ans ; victime de la superstition qui, dans ce pays, règne encoreplus despotiquement que partout ailleurs.
Haïder-Aly-Kan était incontestablement un des hommes les plus extraor-dinaires que l'Asie eût produits. Dépourvu de toute instruction, il avait cepen-
dant acquis d'assez grandes connaissances dans les sciences et la politique, et il s'était élevé, par ses seuls talens , de l'état obscur où le sort l'avait fait naître, à la souveraineté d'un puissant royaume. Strict observateur de la discipline militaire, il était impitoyable pour les moindres fautes commises dans le service.
Cruel envers ses ennemis, il était doux, généreux et affable pour ceux qu'il regardait comme ses amis. Sa haine implacable pour les Anglais se manifesta dans toutes les occasions ; il passa sa vie à les combattre; et,nouveau Mithridate , ses derniers regards les avait vus fuir, car il avait remporté sur eux une sanglante victoire quelques jours avant sa mort.
Son fils, Feth-Aly-Kan, communément appelé Typoù-Saheb, lui avait succédé, et paraissait avoir hérité de sa haine contre les Anglais, en même tempsque de sa confiance dans les Français.
M. de Suffren s'empressa donc de lui écrire, pour le féliciter sur son avènement; et l'engager à suivre les grands desseins de son père, en l'assurant que, de son côté , il le seconderait de tout son pouvoir.
..."
Dans son "Histoire du Bailli de Suffren" publié en 1852, Charles Cunat rajoute cette anecdote qui met en scène le chirurgien-major Noel :
"Est-ce à un grand homme comme toi, lui dit M. Noel, de rester soumis à une telle superstition ?". Mais le prince resta inébranlable et le mal fit de nouveaux progrès. Le jour arrivé, Hayder se soumit à l'opération, et, quoique très douloureuse, il la supporta avec courage ; mais il mourut quelques jours après, à l'âge de soixante-trois ans, victime de la superstition, qui dans ce pays, règne encore de nos jours encore plus despotiquement que dans nulle autre contrée.
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